Cheval Mallet ou cheval Malet désigne un cheval fabuleux et maléfique mentionné dans le folklore français autour de la Vendée, du Poitou, et plus fréquemment dans le pays de Retz , près du lac de Grand-Lieu. Cet animal était censé apparaître le soir ou au milieu de la nuit sous la forme d'un magnifique cheval blanc ou noir, proprement sellé et bridé, et tenter les voyageurs épuisés par un long voyage. Plusieurs légendes très semblables circulent à propos des imprudents qui chevauchèrent cette monture, et n'en revinrent jamais à moins de posséder sur eux la rançon du voyage ou un charme de protection tel qu'une médaille de saint Benoît. Le cheval Mallet est vu comme un instrument du Diable voire comme une forme de Satan lui-même, peut-être issu Sleipnir et de la chasse sauvage, sa légende est très semblable à celle d'autres chevaux fabuleux tels que lou drapé ou la blanque jument.
Une fête folklorique fut également connue sous le nom de cheval Merlette, Merlet ou Mallet dans la commune de Saint-Lumine-de-Coutais, elle avait une fonction militaire, cathartique, de célébration du renouveau ou de carnaval. Bien que ses liens avec la légende du cheval Mallet demeurent peu connus, elle mettait en scène plusieurs acteurs autour d'un chêne, dont un déguisé en cheval. Elle fut combattue par les autorités ecclésiastiques et interdite en 1791.
Les formes de « cheval Mallet » et « cheval Malet » se rencontrent, et l'usage semble un peu hésitant entre nom propre et nom commun, cependant, le « cheval Mallet » est le plus fréquemment mentionné comme étant un individu unique dans les légendes[Note 1], portant par conséquent un nom propre. La « fête du cheval Mallet » est quant à elle quasiment toujours mentionnée avec une majuscule[Note 2].
Le nom de « Mallet », et par corruption « Merlet », pourrait être issu de mail qui signifie « malle » ou « valise » dans les anciennes langues celtiques. On peut y voir une allusion à la forme du cheval de bois utilisé pour la fête ou alors une dérivation du substantif celtique maëlier, qui signifie « fin gain » ou « profit », peut-être par allusion à la jouissance fructueuse des marais dont la fête du cheval Mallet était le gage[5].
En prenant le mot par des racines bretonnes, langue celtique, on trouve Marc'h Klet, soit le cheval (marc'h) confortable (klet). En effet un cheval sellé et bridé est de fait plus confortable que monté à cru. Et cette tentation du voyage confortable scelle la perte de celui qui y cède. À l'oral le "k" précédé du "c'h" devient muet ce qui donne mar'let.
« Malet » pourrait également être issu de mallier, signifiant « un cheval qui porte les malles » en moyen français[6],[7].
Légende du cheval Mallet [modifier]
Le cheval Mallet se présente comme un magnifique cheval, généralement blanc, plus rarement noir[2] (il serait blanc comme le brouillard en Vendée et noir en Saintonge[8],[9]), il est parfois décrit comme un cheval-fantôme[10], toujours mauvais ou maudit, qui apparaît soigneusement sellé et bridé, parfois le soir, et le plus souvent au milieu de la nuit, face à un voyageur fatigué par une longue route, il représente alors une tentation pour celui-ci[1]. Si le voyageur enfourche cette monture, sa chevauchée se termine toujours au matin par sa mort, le cavalier est jeté à terre et meurt généralement sur le coup[11],[12],[13] ou alors est piétiné à mort par sa monture[9], jeté dans un précipice[10] ou dans une fontaine[14], voire dans tout type de point d'eau[15]. Des traces de sabot « à la forme étrange » pouvaient être retrouvées à côté du corps[16].
Selon Claude Seignolle et Édouard Brasey, les yeux du cheval Mallet émettraient une lueur qui éclaire son chemin lorsqu'il galope[2], et il n'y aurait qu'un moyen d'arrêter cet animal, « c'est d'avoir sur soi la rançon du voyage »[2]. Jeter six pièces de monnaie marquées d'une croix devant lui pourrait aussi le stopper[1] tout comme effectuer un signe de croix, et utiliser de l'eau bénite ou un sou marqué[2],[17]. Une médaille de saint Benoît (dite « croix des sorciers ») serait la seule protection efficace qui permet d'en prendre le contrôle pendant une nuit[9]. Cet animal fantastique et maléfique des légendes « faisait trembler de peur les petits-enfants quand les vieilles femmes l'évoquaient »[
Les origines du cheval Mallet restent floues et « se perdent dans la nuit des temps », mais il est clairement assimilé à un instrument de Satan[16],[31], une forme du Diable lui-même[28],[31], un damné ou une âme en peine[31]. Dans son ouvrage consacré aux structures anthropologiques de l'imaginaire, Gilbert Durand dit que le galop du cheval est isomorphe du rugissement léonin et du claquement du tonnerre. Il s'agit d'un son effrayant, comme cela est mit en avant dans la légende du cheval Mallet et du cheval Gauvin[32]. Un recueil de contes par Jean-François Bladé mentionne qu'une monture avec trois cavaliers et plus sur son dos qui s'allonge est un cheval Mallet, forme du diable qui ne peut être combattue qu'avec un signe de croix et en refusant d'y monter[33],[Note 3]. Ce dos qui s'allonge, que l'on retrouve chez bon nombre d'autres chevaux-fées serait selon Henri Dontenville une caractéristique serpentine, ou du moins reptilienne. En effet, « il n'y a qu'à regarder se dérouler un serpent ou plus simplement un ver de terre pour comprendre d'où vient ce mythe »[34].
Selon un recueil de 1862, le cheval Malet se présente quelquefois au voyageur en n'ayant « ni queue, ni tête », ce qui ne l'empêche pas de partir au galop quand il sent ce dernier monté sur son dos, il rejoint ici le cheval qui porte la Guillaneu à la nouvelle année, si l'on en croit les habitants de Saint-Benoist-sur-Mer[19].