La forêt de Brocéliande… n'existe pas! Non indiquée sur les cartes, elle fait partie de la mémoire celte, et sa visite fait largement appel à l'imaginaire. En fait, Brocéliande désigne la demeure de l'Enchanteur Merlin. Elle est aussi connue sous le nom de forêt de Paimpont, qui désigne le village où est implantée ladite forêt et qui se situe à environ vingt kilomètres à l'ouest de Rennes. La forêt fait revivre les légendes celtiques, et en particulier celle du roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde, en vogue depuis le début du XIIe siècle, grâce aux œuvres de Chrétien de Troyes. Elle abrite aussi d'autres légendes de Bretagne.
Au départ, la légende arthurienne est, il faut le rappeler, le fruit d'une habile propagande initiée par la dynastie angevine des Plantagenêts, qui se présente comme descendante de Charlemagne et souhaite asseoir son pouvoir. Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, ayant triomphé contre Harold, a envahi la Grande Bretagne. Les Plantagenêts doivent désormais songer à se construire une légitimité : celle-ci sera élaborée à partir de la mise en roman et de l'invention, il faut bien le dire, de la légende du Graal. Autre fait important: les auteurs font remonter les origines de la légende jusque dans l'Antiquité, ce qui à l'époque, est la seule filiation possible. En effet, la culture des clercs reste essentiellement antique, malgré le filtre des autorités chrétiennes, pour qui il n'y a de culture qu'ecclésiastique. Les légendes du graal sont donc le fruit d'une invention, mais pas dénuées de poésie et de mystère cependant, lesquels commencèrent à hanter la forêt de Brocéliande il y a quelques neuf siècles… Voici quelques-uns des lieux à ne pas manquer, et qui s'assortissent chacun d'une part de légende.
Merlin, fils du diable et d'une mortelle, aida le roi Arthur dans sa recherche du Graal. Un jour, en traversant la forêt, il rencontra Viviane à la fontaine de Barenton: elle sortait de l'eau… Cet aspect magique marque les lieux, et ne peut manquer d'envoûter la visiteur: l'eau elle-même, qui coule entre des racines de chêne et sous un perron de mégalithe, est en état d'ébullition… ( cela s'explique en fait par la présence de bulles d'azote…) Puis Viviane, après avoir séduit Merlin, l'emprisonna dans une prison invisible, puis l'enferma dans un tombeau: Merlin s'étant allongé dans une fosse, la fée fit rabattre sur lui deux énormes pierres. Mais d'autres croyances hantent la fontaine de Barenton, comme celle de verser de l'eau sur son perron pour faire pleuvoir.
On peut aussi passer par le Val sans retour: la fée Morgane, demi-sœur du roi Arthur, y emprisonnait les chevaliers infidèles…pour se venger de son amant qui l'avait trahi. Seul Lancelot du Val, amant fidèle, parvint à traverser puis à libérer le Val.
Le visiteur doit donc faire jouer son imagination et être actif: à lui par exemple de retrouver le Hêtre de Pontus… signalé nulle part… mais bien existant! Il s'agit d'un arbre gigantesque à l'apparence inquiétante de par sa couleur sombre.
D'autres découvertes sont à faire, comme celle de l'arbre d'or, inauguré en 1991 et réalisé par François Davin suite à l'incendie du Val sans retour. Il s'agit d'un châtaignier, doré à l'or fin (!) et protégé par un cercle de pierres acérées.
Enfin, le promeneur pourra se rendre à l'église de Tréhorenteuc: fondée par St Judicaël au VIIe siècle, elle offre un mélange de traditions chrétiennes, celtiques et arthurienne, jusque dans ses vitraux: s'y mêlent en effet des motifs comme le triskell, le chêne, le gland et d'autres relevant de la symbolique chrétienne. Dans le vitrail de "l'Action de Grâce", les Apôtres sont réunis autour du Saint Graal, tandis que dans celui de "L'Apparition du Saint-Graal", les Chevaliers de la Table Ronde sont assis autour du roi Arthur. Ces derniers sont aussi présents dans un des quatre tableaux du chœur