Sylvie et ses amis les fantômes
La petite Sylvie, du haut de ses 5 ans d'insouciance, se balance dans le cadre magique du bosquet à
Fontiers-Cabardès au milieu des chênes centenaires.
Une voix rauque et lointaine l'appelle de son prénom. Nous sommes en 1971 et ce premier
phénomène dont Sylvie Tadiotto, devenue depuis medium, se remémore, marque le début d'une vie
extraordinaire. Une vie faite de visions au service des autres. Une vie de médium étroitement liée à
une foi profonde.
Aujourd'hui âgée de 45 ans, elle a choisi de se consacrer entièrement à son don après avoir été,
entre autres, commerçante pendant des années à Carcassonne. Dans son cabinet, petite pièce
lumineuse installée dans sa petite maison à Villemoustaussou, au milieu de statues de Saint- Jean,
de la Vierge Marie ou de Saint Antoine de Padoue, elle consulte, tous les jours, agriculteurs,
retraités, malades, élus ou même médecins pour une simple voyance ou pour une séance de
guérison. "Je suis née médium. J'ai à la fois la vision mais j'entends aussi des voix qui me
parlent…"
Ce don, pendant des années, Sylvie le tait. "Dès que j'essayais d'en parler, on me disait : tu racontes
des histoires. Je me sentais exclue. J'ai beaucoup souffert."
Revenants à la Toussaint
Aujourd'hui, elle exerce comme médium, mais sa "récréation" comme elle le dit, avec humour, c'est
de photographier ce que l'on appellera des fantômes ; êtres de l'au-delà qui se manifestent de temps
en temps sous ses yeux experts. Le voile se lèverait particulièrement en cette période de Toussaint.
"Je fais des photos pour prouver que l'au-delà existe."
Depuis des années, Sylvie accumule des milliers de clichés, visions furtives le plus souvent,
énigmatiques toujours. "Je fais des photos pour prouver que l'au-delà existe. Ils forcent le passage
entre deux mondes. Ils se servent de l'énergie électrique pour apparaître. Cela explique ces photos
floues."
Apparition de Le Hetet
Notre 'chasseuse' d'images fantastiques organise parfois une "expédition" comme sur le site des
châteaux de Lastours, "lieu chargé de mémoire et habité". Mais le plus souvent, un fantôme s'invite
au hasard d'une soirée.
Pianotant sur son ordinateur, elle plonge dans ses archives et ressort une photo où apparaît une
partie d'un visage, avec en second plan des enfants dans une salle de judo. Sylvie raconte. "Ma mère
prenait mon fils qui s'entraînait au judo, c'était en 2002. Le visage d'Alain Le Hetet, le karatéka
mort un an plus tôt dans un accident de voiture est apparu sur l'une des photos. Quand on l'a rentrée
sur ordinateur, elle a disparu."
Autre lieu, autre histoire, comme ces photos prises chez des amis dans une grange à Villardonnel.
Sylvie a des visions de tortures, des Allemands. Elle prend des photos et sur l'une d'elles, son ami
apparaît avec un bras mutilé. "Une façon de me signaler qu'il y avait eu ici des tortures pendant la
guerre."
La médium compte bien publier, un jour, un ouvrage sur son activité de 'chasseuse' de fantômes et
sur ses images insolites vues et "jugées sans trucage" par un photographe professionnel, Grégorie
Aubourt.
Le mystère plane toujours, mais Sylvie poursuit ce qu'elle nomme sa mission. "Je ne me prends pas
pour Dieu. Je suis mon guide, il me montre tout.
Source : L'indépendant