Trouble du sommeil provoquant une paralysie parfois accompagnée d'hallucinations, à l'origine de certains cas de hantise ou de possession
La paralysie du sommeil est un trouble intervenant lors de l'endormissement (on parle alors de paralysie hypnagonique) ou lors du réveil (paralysie hypnopompique). La personne est consciente, mais se trouve dans l'incapacité du bouger pendant plusieurs minutes.
La paralysie du sommeil s'accompagne éventuellement d'hallucinations auditives, visuelles ou tactiles, ce qui rend l'expérience particulièrement traumatisante pour la personne qui la vit.
C'est un phénomène relativement courant et répandu, dans la mesure où 1/4 de la population a vécu au moins une fois dans sa vie une expérience de ce genre.
Il ne faut pas confondre la paralysie du sommeil avec les terreurs nocturnes?, qui elles correspondent davantage à des crises de panique et ne se manifestent jamais par une paralysie corporelle.
La tableau "Le Cauchemar", de Heinrich Füssli
Causes physiologiques
En temps normal, la paralysie du sommeil est un phénomène naturel empêchant que la personne ne bouge lorsqu'elle rêve et qu'elle ne se blesse par des mouvements incontrôlés.
Lors du sommeil paradoxal, les motoneurones du tronc cérébral sont inhibés, les influx nerveux y circulant sont alors bloqués. Selon certaines hypothèses, cette inhibition s'expliquerait par un très faible taux de mélatonine, qui empêcherait la dépolarisation des neurones. Tous les muscles du corps se retrouvent donc paralysés, sauf ceux des activités métaboliques essentielles : respiration, digestion et circulation sanguine. Les muscles contrôlants les déplacements des yeux ne sont pas bloqués eux non plus, ce qui explique que la phase paradoxale du sommeil soit caractérisée par des mouvements oculaires rapides.
Cette paralysie ne doit normalement apparaître que lors de l'entrée en sommeil paradoxal et disparaître sitôt cette phase terminée. Cependant, dans certains cas, elle est décalée et empiète sur l'endormissement ou le réveil du dormeur.
Les raisons de ce décalage ne sont pas encore clairement établies à ce jour. Certains facteurs tels que le stress, la prise d'anxiolytiques, un changement d'environnement, un manque de sommeil, une lumière ambiante lors du sommeil... semblent le favoriser. C'est également l'un des symptômes permettant de diagnostiquer une narcolepsie (une forme d'hypersomnolence).
Symptômes
Lors d'une paralysie du sommeil, la personne est pleinement consciente mais son corps est complètement paralysé (à l'exception des yeux qui peuvent encore bouger). Certains rares témoins ont affirmé avoir réussi à effectuer quelques mouvements, mais avec énormément de difficulté.
La personne a également du mal à respirer et éprouve un sentiment d'écrasement et de pression sur la poitrine. Cette paralysie peut durer de quelques secondes à une dizaine de minutes, après quoi elle cesse spontanément et la personne retrouve peu à peu le contrôle de son corps.
La paralysie du sommeil s'accompagne souvent d'hallucinations, chez environ 1/3 des gens en souffrant. Celles-ci sont provoquées par l'état de confusion et de panique dans lequel se trouve la personne qui bien souvent ne comprend pas ce qu'il lui arrive.
Les hallucinations peuvent être discrètes (simples bourdonnements ou sifflement dans les oreilles), mais elles peuvent également revêtir un caractère plus effrayant : sensation d'une 'présence hostile' dans la chambre ; bruits de pas, de respirations ou de voix ; visions d'ombres ou de silhouettes, voire d'apparitions démoniaques extrêmement réalistes ; sensation de contact tactile...
L'aspect que prend l'hallucination est très dépendant du caractère de la personne et de son état physiologique, mais également (et surtout) du substrat culturel de celle-ci. C'est ce qui explique que certaines figures (telle celle de la vieille sorcière, ou Old Hag en anglais) reviennent de façon récurrente dans les témoignages de personnes ayant vécu une paralysie accompagnée d'hallucinations.
La paralysie du sommeil est donc très probablement à l'origine de certains cas de supposées hantises ou possessions. Elle explique également la légende (mondialement répandue) des esprits cauquemars?, qui se posent sur la poitrine du dormeur et l'écrasent de leur poids.
La paralysie du sommeil ne présente aucun danger pour la personne qui la vit, en dehors de l'expérience désagréable occasionnée par les hallucinations.
Il semble cependant qu'avec une certaine habitude du phénomène et en gardant son calme, le dormeur puisse arriver à contrôler les hallucinations qu'il subit, à la façon d'un rêve lucide? ; il arrive également à retrouver le contrôle de son corps plus rapidement et avec plus de facilité. La paralysie du sommeil cesse alors d'être une expérience traumatisante.